Une lecture renversante pour les grands enfants !

Lecture enfants

Aujourd’hui, les Marketing Mums vous font découvrir non pas un mais deux livres à faire lire à toute la famille. Il s’agit de Renversante et de Renversante (y’a encore du boulot) aux éditions Ecole des loisirs. Les personnages principaux, Léa et Tom, âgés de 15 ans dans le second tome, nous embarquent à la découverte d’un monde où règne la domination féminine. Alors prêt à tout repenser ensemble ?

 

Le syndrome du Schtroumpf

Enfants, nous avons tous déjà joué à observer la pièce la tête à l’envers. Eh bien ici, c’est pareil mais avec les stéréotypes de genre. L’autrice, Florence Hinckel, joue avec humour sur les clichés hommes femmes pour mieux dénoncer les inégalités et surtout faire réfléchir. Dans le chapitre 5 de Renversante, on découvre ainsi le « syndrome du Schtroumpf » sous un angle tout à fait différent :

« Vous connaissez les Schtroumpfettes, bien sûr ? Chacune a un caractère particulier, grognonne, paresseuse, farceuse, alors que le Schtroumpf est seulement… sexy. C’est dérangeant, non ? Tom a hoché la tête, mais moi j’étais déçue (…) Comme s’il avait deviné mes pensées, papa m’a prise par les épaules pour me consoler. – Tu sais, j’aime beaucoup les Schtroumpfettes, moi aussi. C’est vraiment dommage que ça perpétue une mauvaise image de l’homme. »

Pour l’anecdote, on raconte même que Nina Culliford (aka la femme de Peyo, le dessinateur de la bande dessinée) aurait refusé d’adresser la parole à son mari pendant deux semaines lorsqu’elle a découvert sa description non pas du Schtroumpf mais de la Schtroumpfette, celle qui a introduit la notion de genre dans le Pays maudit. Il faut dire que la Schtroumpfette a fait son apparition en 1966, une époque où le féminisme n’était pas aussi engagé qu’aujourd’hui. 

 

Oser l’antisexisme ?

Si le livre Renversante peut être lu en autonomie à partir de 9 ans, il aborde tout de même des thématiques assez complexes comme le « mansplaining » (mecsplication en français). Apparu pour la première fois en 2008 sur Internet, ce concept caractérise l’attitude paternaliste qu’ont certains hommes à l’égard des femmes, persuadés d’être plus éclairés sur un sujet donné, qu’elles connaissent déjà, voire mieux qu’eux.

Dans le livre, vous l’aurez compris, ce phénomène est rebaptisé la « femmesplication ». Le papa de Léa et Tom, l’explique à ce dernier en ces termes : « Tu verras que beaucoup de femmes pratiquent la femmesplication. Elles vont essayer de t’expliquer très doctement ce que tu connais mieux qu’elles. Ne te laisse pas faire ! Aie confiance dans ce que tu sais et cloue-leur gentiment le bec ! »

Rappelons également que dans le premier tome de Renversante, l’accord des adjectifs et des participes passés est systématiquement fait au féminin, ce qui pourrait rendre la lecture moins fluide pour un jeune public. Le second tome, lui, va encore plus loin. « Toute la langue est féminisée, à l’exception de quelques occurrences qui gênaient la lisibilité », dixit l’auteure dans une note en début de roman.

 

Y’a encore du boulot !

Dans la lignée du tome 1, le second tome est rempli de clins d’œil à notre société actuelle. Ce n’est pas la caricature de Daisy Trump qui nous fera dire le contraire. Sans transition aucune, le roman aborde également le concept de cancel culture. Une déclaration ou une vidéo compromettante, un tweet ou un post sur Facebook polémique, et hop c’est l’appel au boycott assuré.

« Mais je me demande… Est-ce que j’ai aussi été manipulée quand j’ai lu toutes ces choses sur la cancel culture (« culture de l’effacement ») ? Ça, ça m’a touchée quand même. Et ça m’a fait peur. Vous vous rendez compte si, à cause des antisexistes, on ne pouvait plus rien dire, ni plus rien faire ? Mamie ne pourrait plus faire ses blagues sur les blonds ? Ce serait nulle, non ? »

Dans cette dernière phrase, on saisit toute l’ironie dont fait brillamment preuve l’auteure tout au long du roman, mais aussi le questionnement perpétuel de Léa. Celle-ci ne détient évidemment pas toutes les réponses, comme nous le rappelle Florence Hinckel dans le chapitre 7. « Léa se trompe », écrit-elle en note de bas de page. « En réalité, une centaine d’hommes sont tués chaque année par des femmes, rien que parce qu’ils sont des hommes. »

 

À vous d’écrire l’Histoire de demain !

Trop souvent, on a tendance à penser qu’une littérature engagée est une littérature forcément ennuyeuse, que seule les adultes pourront comprendre. Avec Renversante, Florence Hinckel nous prouve à quel point c’est faux. Ses livres passent au crible le monde dans lequel nous avons grandi - et dans lequel grandissent nos enfants - en ne laissant rien au hasard… et le résultat est renversant !

À la lisière du roman, les deux récits sont également accompagnés d’illustrations de Clothilde Delacroix. Cela mérite d’être souligné car ces illustrations pleines de peps et de malice viennent donner vie au contenu et le rendre encore plus facile à comprendre pour les plus jeunes. Le premier tome, qui compte environ 90 pages, se termine par une frise chronologique. Le second fait 146 pages, suivi par un « bonus » que je vous laisse découvrir par vous-même.

Enfin, en classe ou en famille, c’est un livre qui animera de belles discussions. De quoi engager la discussion avec un jeune public pas toujours au fait des conséquences de certains comportements, mais aussi et surtout de quoi écrire l’Histoire de demain dès aujourd’hui pour un monde plus juste et plus équitable.