Avec un titre pareil, inutile de vous préciser qu’on a voulu savoir pourquoi au juste «Vous auriez aimé que vos parents lisent ce livre» n’est pas un livre sur la parentalité comme les autres ? Pour quelle(s) raison(s) aimerions-nous que nos parents le lisent et comment nos (futurs) enfants pourraient-ils être heureux que nous l’ayons fait ? Ce livre ose plonger directement au cœur de « ce que les parents pensent d’eux-mêmes », mais aussi du « degré de responsabilité qu’ils assument pour leurs réactions émotionnelles face à leurs enfants ». En résumé, tout part de la relation parent-enfant (dans cet ordre précis).
À plusieurs reprises, l’auteure vous prie même de ne pas balancer son livre à la poubelle, parce qu’il vous fera l’effet d’un électrochoc, il va appuyer là où ça fait mal et vous faire comprendre qu’il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » parent, mais simplement des réactions qui entraînent elles-mêmes des réactions, parfois à retardement, parfois en chaîne.
Vous voulez que vos (futurs) enfants soient heureux et vous vous demandez si un tel livre existe vraiment ? Alors prenez place confortablement, les Marketing Mums vous disent tout sur le best-seller de Philippa Perry.
Mon cœur, mon amour
Dès le premier chapitre, l’auteure met les pieds dans le plat et s’attaque à l’héritage des parents et à l’effet boomerang qu’il peut avoir. Vous pensez peut-être que faire mieux que vos parents n’est pas si compliqué ? Qu’il suffit de garder le « bon » et de jeter le « mauvais » ?
Seulement voilà, des mots doux à chaque phrase, ce n’est pas tellement ce qui fait d’un parent un bon parent. Parce que même avec autant de mièvrerie nappée de crème pâtissière, on peut ne pas être à la hauteur, ne pas « assumer » non pas ce qu’on dit, mais ce qu’on fait.
« Personne n’est complètement bon, ni complètement mauvais. Un parent un peu râleur, mais authentique dans ses émotions, pourrait bien être un meilleur parent qu’un parent frustré qui en veut à ses enfants et qui cache son insatisfaction derrière une façade de gentillesse dégoulinante de sucre. »

Toutes les relations n’ont pas 4 murs
Le deuxième chapitre, intitulé « L’environnement de l’enfant », plaira particulièrement à celles et ceux d’entre nous qui ont vécu une rupture (au sens large du terme), qu’il s’agisse d’une simple dispute, d’une séparation ou d’un éloignement géographique, temporaire ou non. Ce chapitre souligne également l’importance de la réconciliation.
C’est d’ailleurs la bonne nouvelle que nous apprend le livre « Vous auriez aimé que vos parents lisent ce livre » : il n’est jamais ni trop tôt, ni trop tard. L’essentiel est d’apprendre à accueillir et à accepter nos émotions, plutôt que de les refouler (ou de vouloir en distraire à tout prix notre enfant) ou encore de surréagir.
Ainsi, « au beau milieu du livre », l’auteure se penche sur « le début de la relation » et nous parle de la grossesse et de l’avalanche de conseils (souvent non sollicités) qu’elle déclenche avant de nous décrire les différents types d’attachement que nos comportements et réactions émotionnelles contribuent à forger.
Le problème avec tout ceci, c’est qu’il s’agit bien souvent du fruit de ce que nos parents ou la société se sont efforcés de nous imposer. Quand on est une jeune maman free-lance ou un papa plus âgé avec un travail à plein temps, difficile de ne pas céder et de ne pas laisser bébé pleurer car « il finira bien par se calmer ». Et sa santé mentale dans tout ça ?
Boire la tasse devient un plaisir
Les chapitres suivants regorgent, eux aussi, d’exercices et de témoignages à la fois drôles et intelligents. J’ai adoré l’exemple des fausses tasses à café. Qui n’a jamais dû jouer à la dinette (tout en consultant ses e-mails ou ses notifications) ? Arrive alors ce qui doit forcément arriver : vous oubliez de dire « merci ». Alors pourquoi votre enfant, lui, devrait s’en rappeler ou s’y forcer ?
Plutôt que de voir les contraintes de la parentalité, on peut prendre plaisir à voir le jeu de rôle se transformer en un tour de rôle, à savoir que l’on est en train de construire une belle relation, fausse gorgée après fausse gorgée. Bien sûr, les tasses à café ne sont qu’une métaphore. Vous pouvez les remplacer par n’importe quel autre exemple qui vous parle.
Pour réussir à installer cette réciprocité dès les débuts de votre relation, l’auteure n’hésite pas à s’en prendre à un autre accessoire bien connu des parents : « Je ne suis pas fan des « chut » et des tétines. Ils calment tant qu’ils sont offerts en même temps qu’une attention et un contact affectueux. Mais je n’aime pas qu’ils servent de bâillon aux allers-retours essentiels de la communication. »

Ce que ce livre a changé chez moi
« Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent. » C’est une citation d’Oscar Wilde qui me touche beaucoup, car elle en dit long sur le cheminement que j’ai moi-même fait dans ma relation parent-enfant.
Le plus important à mes yeux est de réaliser qu’aujourd’hui, je suis de l’autre côté de la table de la dinette. Ma fille a cinq ans. Son enfance est aux antipodes de celle que j’ai connue. Nous sommes une vraie famille, nous nous disputons parfois, nous nous réconcilions toujours. Parfois autour d’un « gratin de la paix », souvent autour de macaronis jambon fromage.
J’ai toujours trouvé un grand réconfort dans les livres, mais je ne peux qu’insister sur le fait que celui-ci est indéniablement un livre que tous les parents auraient aimé lire. Si vous voulez réparer toutes vos erreurs, « y compris celles que vous faites alors même que vous vous étiez promis de les éviter », il ne vous reste plus qu’à tendre la main (dans le rayon de votre libraire préféré).