Certes, c’est le prix imposé par le vieil idéal du couple hétéronormé, mais nous vivons aujourd’hui dans une société en quête d’un idéal plus noble et en constante évolution, où chaque femme a la liberté d’être à la fois courageuse et vulnérable, sans avoir peur d’investir, de faire fructifier son argent, en n’ayant pas peur d’aborder ces questions en couple pour plus d’équité. N’est-ce pas là le message que nous devrions faire passer « à travers nos mots, nos lectures, nos indignations et le bruit que nous faisons » ? 😉
En cette fin d’année, les Marketing Mums ont voulu faire un clin d’œil à « celles qui en font le plus, celles qui n’ont pas toujours les mots ou des interlocuteurs à l’écoute » : les femmes. Quel que soit votre âge ou votre situation professionnelle, que vous ayez ou non des enfants, cet article est un cri du cœur et l’occasion de vous faire cadeau d’une « arme rhétorique », mais non sans vous expliquer comment vous en servir.
Dans sa préface, l’auteure Lucile Quillet déclare au sujet de son livre que du « fruit d’un exercice solitaire », celui-ci est devenu « un pont [ la ] reliant à la réalité d’encore plus de femmes, les lectrices ». Journaliste indépendante et auteure, c’est à force d’écrire sur la société et la vie professionnelle des femmes, qu’elle en est venue à réaliser ce que le couple hétéro leur coûte et se poser la question : “le couple est-il une arnaque pour les femmes ?”
Avant, pendant et après le couple : ce sont les 3 parties du livre que nous vous proposons de découvrir ensemble, chacune décomposée à son tour en plusieurs chapitres, sans oublier l’intro intitulée « L’argent des femmes existe ». On part donc plutôt sur un constat positif me direz-vous ! Mais c’est sans compter les « calculs invisibles défavorables aux femmes » mis en évidence au fil des pages du Prix à Payer de Lucile Quillet.
Vous aussi, vous en avez marre d’être cataloguée comme « une nulle de l’argent » ? Alors c’est parti ! On vous ouvre la voie d’une nouvelle ère avec plus de billets et moins de biais ! 😉
Il faut souffrir pour être belle
Cette injonction absurde, qui ne l’a pas déjà entendue ? Et pour cause : avant même d’être en couple, une femme doit déjà « devenir une bonne candidate au couple », comme le souligne Lucile Quillet. Cela passe par toute une liste d’exigences, souvent contre-nature et non sans coût, que l’on retrouve aussi dans la vidéo coup de poing Be a Lady They Said de l’actrice Cynthia Nixon.
« Combien déboursent les femmes pour détourner leur nature, s’épiler, se maquiller, réaliser des soins sur les multiples particules de leur corps, du visage aux jambes, en passant par les ongles et les cheveux ? Combien faut-il payer pour atteindre et incarner l’idéal hétérosexuel de la femme glabre et mince ? »
Dans son livre, Lucile Quillet évoque d’ailleurs Miranda Hobbes, la célèbre avocate incarnée par Cynthia Nixon dans Sex and The City, saluant une tirade que celle-ci adresse à ses amies, s’insurgeant contre « le temps incommensurable que peuvent passer au cours d’une vie les femmes, seules et entre elles, à penser, débattre et parler du couple et des hommes. »
Tout travail mérite salaire
Qui dit argent, pense aussi naturellement au salaire et nul besoin d’être féministe pour s’autoriser à dire que le salaire des femmes n’est souvent qu’un « salaire d’appoint » au vu des écarts flagrants qui existent entre hommes et femmes. On comprend donc facilement la logique pragmatique qui nous pousse au second-plan, quand « sa carrière fait office de locomotive familiale ».
Seulement voilà, « malgré un probable écart de revenus dû à l’âge, au niveau de salaire voire à un métier sous-valorisé puisque genré », beaucoup de couples appliquent au niveau de la gestion du quotidien « un principe idéal d’égalité, une illusion faisant fi de la réalité : celui du 50/50 ».
L’ironie dans tout ça, c’est tout de même que ce sont bien souvent les femmes qui sont à l’origine de cette décision : « Pour beaucoup de femmes, le 50/50 est une marque de fierté , un gage de dignité presque. Elles prouvent leur indépendance, leur autonomie, leur pouvoir d’achat, elles défendent leur honneur. « Moi entretenue ? Jamais » disent-elles en dégainant la carte bleue. Entretenues, non, arnaquées malgré elles, peut-être. »
Ce que l’auteure dénonce, c’est que le 50/50 ne prend pas en considération tout « le travail domestique gratuit » que font les femmes et sa valeur « qu’elles ne percevront jamais en billets ». Ainsi, une femme qui s’occupe de sa maison et/ou de ses enfants, fait économiser de l’argent à son couple, sans que celui-ci ne soit repris dans la balance.
L’inégalité se poursuit par rapport aux achats réalisés par les femmes. Dans de nombreux cas, elles n’investissent pas, ou moins, acquièrent moins de parts d’un logement par exemple. Elles vont également dépenser plus pour les achats du quotidien et moins dans des investissements plus conséquents et plus rentables sur le long terme : Monsieur aura la capacité à s’acheter une voiture, un bien qui reste dans son patrimoine, pendant que tout le salaire de Madame s’envole dans les courses, des achats de vêtements pour les enfants. Des dépenses genrées qui ne sont pas en faveur des femmes. "Madame PQ, Monsieur Voiture" comme le caricature l'auteure. Et lors d’une séparation, il ne lui restera plus que son PQ pour pleurer.
Rien ne sert de courir
D’après l’auteure, si les femmes donnent la vie, ce sont encore rarement elles qui donnent le « la » sur le mode et le niveau de vie de leur famille. C’est ce que Lucile Quillet appelle « l’effet d’entraînement » : cette course effrénée derrière le standard de vie d’un mari ou d’un partenaire et qui peut avoir des conséquences fâcheuses en cas de séparation.
Mais la question que je me pose, c’est : qui a donné le départ de cette course au juste ? Ce besoin viscéral de faire 50/50 même quand c’est impossible ? Cela ne découlerait-il pas des « soucis propres aux femmes dans leur rapport à l’argent et au couple » qu’évoque par ailleurs l’auteure ? Des soucis qui les poussent à vouloir « prouver qu’elles peuvent garder la tête haute en toutes circonstances, quitte à s’auto-flouer ».
Restons dans l’univers de la télé avec la série The Bold Type. On y voit Sutton tomber amoureuse de Richard, avocat et membre du CA du grand magazine Scarlet où elle travaille d’abord en tant que secrétaire, puis en tant que styliste. La jeune femme préfère initialement cacher cette relation par peur que ses collègues (en grande majorité des femmes) pensent que sa promotion n’est pas méritée. Tiens donc.
Au sentiment de ne pas jouir du même droit que son partenaire du fait d’un salaire moindre ou inexistant, s’ajoute en réalité la pression des pairs, ce que Lucile Quillet se garde bien de préciser tout au long de son livre. Eh oui, le féminisme d’aujourd’hui n’est plus le féminisme d’hier. Entre une Carrie Bradshaw et une Sutton Brady-Hunter, il y a un millénial de différences, une ère où les réseaux sociaux font peser une pression constante sur les femmes et l’image qu’elles renvoient, au risque parfois d’empirer la situation !
Le vrai prix à payer
La conclusion de l’auteure est sans équivoque : « Il me semble que c’est cela, le vrai prix à payer qui intègre tous les calculs, rationnels comme symboliques : pour être en couple, être intégrée, avoir une famille, il faut amputer une partie de soi pour soulager tout le monde ».