À la découverte de 8 visions singulières de l’amour avec Nos Amours Radicales des éditions Les Insolentes

Nos amours radicales

Et si on parlait un peu "d'amours" (au pluriel attention) ? Le lien avec la parentalité et notre travail de maman free-lance ? Disons simplement que les discussions autour de l’amour et des relations s’immiscent aussi dans notre foyer, et que notre façon de nouer des relations et de vivre avec les autres s’en trouve biaisée.

Notre éducation, l’éducation que nous transmettons en tant que parent aussi, notre milieu social, notre genre, notre sexualité, notre couleur de peau, notre religion sont autant d’éléments qui interfèrent dans notre relation à l’autre. Évidemment bouleverser le cadre défini est « long, souvent douloureux, parfois accablant » et « nous met face à des vérités que l’on ne préférerait pas voir », mais pas impossible.

Aussi, à travers les histoires, les vécus et les réflexions de 8 auteur·ices engagé·es, Nos Amours Radicales s’efforce de vous livrer « une toile de ce que veut dire aimer à notre époque » en toute simplicité et tendresse. Au-delà du sacro-saint « iels vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » et des codes dictés, cette lecture féministe embrasse la réappropriation de soi et un nouvel équilibre intime.

Alors prêt ·e à secouer et à dépoussiérer les choses pour vous comme pour vos enfants ? Sharone Omankoy, Léane Alestra, Emanouela Todorova, Lou Eve, Axelle Jah Njiké, Nanténé Traoré, Sabrina Erin Gin, Anaïs Bourdet, à la lecture de leurs témoignages (que nous n’explorons que partiellement ici), nous espérons que vos interrogations personnelles aussi trouveront un apaisement.

Retrouver voix au chapitre

On commence dans le vif du sujet avec Axelle Jah Njiké et « Le couple en soi ». Si d’un point de vue chronologique, ce n’est pas le premier témoignage repris dans Nos Amours Radicales, il apporte une réflexion particulièrement intéressante quant à « la manière dont notre culture éduque les petites filles, considère les femmes célibataires et restreint l’expression du champ amoureux et affectif à certaines combinaisons. »

Contes de fées ou presse « féminine » n’ont ainsi de cesse de présenter le mariage et la quête du prince charmant comme un jalon indispensable d’une vie réussie. Même remaniés par Disney, les contes continuent notamment d’apprendre aux petites filles à « ne pas s’accorder trop de valeur, à n’avoir d’yeux que pour l’autre et à convoiter les attributs de ce dernier », telle la Petite Sirène qui renonce à sa voix et à sa queue de sirène.

Plutôt que de les conditionner à se faire passer après systématiquement, Axelle Jah Njiké insiste sur le rôle des parents et des grands-parents à « ouvrir les yeux de chaque petite fille, dès le plus jeune âge, sur sa capacité individuelle à assouvir ses besoins, sur son pouvoir d’être responsable de sa propre personne, de ses émotions et de la validité de celles-ci » comme la clé d’un chemin véritable vers l’amour, par le couple en soi.

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La peur de l’ennui en amour

La littérature et le cinéma ne ratent vraiment pas une occasion de nous imposer une vision de l’amour où « l’on confond souvent amour « passionnel » avec amour qui se veut en réalité destructeur, toxique et obéissant à des règles hétéronormées », c’est aussi ce que nous explique Lou Eve dans son récit « Amour(s) en lutte ». À l’écran, le couple solide et durable est devenu synonyme d’ennui, de routine qu’il faut casser, briser, éviter.

L’amour qui dure perdrait inévitablement de son feu intérieur, à l’image de tous les rôles de mère de famille incarnés par l’actrice Reese Whiterspoon dans les séries Big Little Lies ou Little Fires Everywhere par exemple. Mais l’amour passion, lui, serait forcément voué à l’échec comme on peut le voir dans un film comme Jeux d’enfants où la passion entre Marion Cotillard et Guillaume Canet détruit finalement tout sur son passage. 

Enfin, le témoignage de Lou, adoptée à un jeune âge, lève aussi le voile sur la difficulté et la nécessité de s’aimer soi pour parvenir à aimer les personnes qui nous ressemblent :  « C’est presque comme si j’avais prêté un serment maudit au racisme intériorisé », écrit-elle, « en lui promettant de ne jamais m’aimer et, par conséquent, de ne pas aimer les personnes que j’associais de près ou de loin à ce que je refusais de voir en moi. »

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  Aimons-nous à la racine, aimons-nous radicalement

Dans « Amours en addition », Léane Alestra compare même le fait d’avoir été « biberonnée » aux contes de fée à une « préparation à avaler plus facilement la pilule » une fois adulte. À l’adolescence, elle explique avoir commencé à questionner les cases « féminin » et « masculin » avec pour seule réponse « que les rôles d’ « épouse à la popote » et de « mari pourvoyeur de ressource » étaient immuables depuis la Préhistoire ». 

Pour sa part, c’est Adam et Eve, le couple originel, que Léane choisit comme fil conducteur de son raisonnement. Cette « femme qui vit pour elle-même, désobéit, croque le fruit défendu et bouleverse l’ordre patriarcal » prend aujourd’hui la forme d’une femme libérée des injonctions, qui refuse qu’on la « torde ». Au diable Adam ! Une femme peut être indépendante, féministe et dans une relation – hétéro ou non – parfaitement saine et joyeuse.

Le récit suivant, « Amour et déconstruction » est celui d’Emanouela Todorova, dont le compte Instagram @disbonjoursalepute dénonce les combats qu’elle mène au quotidien. Harcèlement de rue, sexisme, Emanouela nous rappelle que « s’il suffisait de discuter en buvant un chai latte au jardin des Tuileries », ça se saurait… Mais ces phrases qui dérangent, on les a entendues nous aussi. 

« Je me promets d’être ma plus belle histoire d’amour », c’est la conclusion de Nos Amours Radicales et le mantra que l’on devrait se répéter plus souvent, parce qu’il est grand temps de rallumer la flamme de l’amour de soi avant toute chose.